57. Réincarné

Pas tout de suite, lecteur, pas tout de suite, la réincarnation.

Désolé, il y a ce fameux passage. Quarante neuf jours. Tu vas errer pendant quarante neuf jours entre deux mondes. Le Bardo, ça s’appelle. Le Bardo est obscur et glauque et tu n’y comprends rien. Comment c’est ? Je ne sais pas, je n’y suis pas allé. Ou si j’y suis allé, c’était avant, je ne m’en souviens pas. Il y a un auteur qui a mené son enquête, il s’appelle Volodine. Tu n’as qu’à lire son livre, Bardo or not Bardo ? Ça n’a pas l’air mais c’est en français et ça raconte que si tu t’y prends bien, tu vois la Claire Lumière et tu quittes définitivement la vie terrestre. Pour où ? Je ne sais pas, mais de toute façon, pour toi la question ne se pose pas parce que tu es dans le Bardo et tu t’y prends très mal. Et quarante neuf jours plus tard, tu as tout oublié, tu as rapetissé, rapetissé et tu es venu te fixer dans une matrice où tu vas commencer ta nouvelle vie. Il se trouve que c’est la matrice d’une chienne et que tu commences une vie de chienne. Une vie que tu passeras dans l’adoration stupide d’un maître crétin, peut-être une vie heureuse après tout ? Ta vie suivante sera une vie de cloporte. Je n’en parle même pas. Et ainsi de suite. Finalement, je ne sais pas comment tu vas faire, une fois ça va marcher et tu redeviendras humain, autant dire que tu reprendras l’histoire à zéro.

Mais quel zéro ? Quelle naissance ?

Ta naissance comme être humain, tu en gardes peut-être un souvenir, évoqué au chapitre 59.

Alors que ta naissance comme héros de roman (ou plutôt victime) se situe évidemment au premier chapitre.