56. Après

Lectrice, lecteur, tu es mort. Ben oui. N’insiste pas. Tu es mort, tu es mort. Que veux-tu que je te dise de plus ?

– Alors, pour moi l’histoire est terminée, dit un lecteur.
– Mais non, il y a une vie après la mort, dit un autre.
– Ou un recommencement, dit un troisième.
– Absurde, dit le premier, les lois du réel sont claires et inéluctables : le sang ne circule plus, le cerveau n’est plus irrigué, plus de cerveau, plus de pensée !
– L’âme est immatérielle, répond le deuxième, elle n’a pas besoin du corps.
– Peut-être bien qu’elle a quand même besoin d’un corps, dit le troisième, un autre corps pour se réincarner…
– Ah non, dit le deuxième, au moment de la mort, l’âme échappe à la matière, elle n’y retourne pas.
– Comment, lui répond le premier, comment peux-tu imaginer ton âme sans ton corps ? Quand tu dis « je », c’est ton corps, tu dis  je suis grand, je suis malade, j’ai chaud, j’ai mal… ton je c’est d’abord un corps.
– Oui, dit le troisième, mais on peut en changer… Le je revient dans un autre corps… Pas tout de suite… Il y a un passage …
– Fariboles, vos histoires de survie de l’âme ! Des inventions pour inciter les hommes à supporter leurs vies sans se révolter !

Holà ! Arrêtez, les lecteurs ! Calmez-vous! On ne s’entend plus ! Si vous aimez ce genre de débat, je crois que vous apprécierez le chapitre 47.

Sinon, si vous ne voulez pas discuter, voilà ce que je vous propose : le lecteur qui croit à la métempsychose va se faire réincarner, celui qui croit à la vie éternelle va se faire éterniser.

Quant à toi, cher lecteur positiviste, évidemment, tu es mort, il n’y a plus rien pour toi, tu n’existes plus, je ne vois même pas pourquoi je te parle encore.