Avec un grand soulagement, tu as refermé derrière toi la porte de la chambre. A présent l’eau régénératrice coule sur ta peau. Quel luxe incroyable ! Un luxe impensable il y a moins d’un siècle, et qui, aujourd’hui n’est pas réservé à quelques familles royales, non, il est à la portée de centaines de millions de terriens. Il est vrai que quelques milliards d’autres manquent d’eau simplement pour boire. A combien évalue-t-on, dans le monde, le nombre de privilégiés et le nombre de démunis ? Des très gros chiffres certainement. Et toi, te considères-tu comme un privilégié ? Il existe plus privilégié que toi ? Mais il existe aussi plus démuni. Ta pensée suit son cours, elle s’écoule aussi interminablement que l’eau sur ton corps. Peut-être que ça te dérange un peu qu’elle ait pris cette direction imprévue ? Que veux-tu ? L’auteur ne maitrise pas tout. Il a beau te concocter des vacances infinies, parfois, des pensées réalistes viennent parasiter son rêve… Tiens, ça pourrait être ça, la définition : je me sens privilégié si je sais que j’ai le pouvoir, quand je me trouve à l’autre bout du monde, de me retirer dans la solitude d’une chambre d’hôtel et de prendre une douche !

En tout cas, pour toi, une fois encore, l’eau remplit sa fonction magique et salvatrice. Tu sors de la douche, tu te sèches, tu t’allonges, tu ne bouges plus, tu ne penses plus, tu ne fais absolument rien. Tu ne vas pas ressortir, tu ne veux plus voir personne, tu feras monter un repas. Dans cette chambre internationale dont un autre jour tu aurais raillé la banalité mondiale et la fonctionnalité sans âme, aujourd’hui tu te sens bien, tu avais besoin de ça.

Toujours allongée sur le lit, tu laisses ta divagation infléchir sa trajectoire. Que vas-tu faire maintenant ? Tu vas rentrer c’est sûr, mais ensuite ? Quels sont tes projets ? De quoi as-tu le plus besoin ? De te sentir bien dans ton corps ? Que dirais-tu d’une marche en montagne ? La nature, l’effort physique, rien de tel pour se reconstituer. Ou bien, tu cherches à te réaliser, à t’exprimer ? Peut-être es-tu travaillée par le désir d’écrire ? Forcément, quel lecteur, quelle lectrice, n’a pas rêvé de passer à l’acte ?

Eh bien, sache, lectrice lecteur, que tu peux le faire dans ce roman même. Tu me diras :

– C’est bien le moins, c’est mon roman quand même !

Donc l’auteur te propose contribuer à l’écriture de ces histoires dans le chapitre intitulé A toi maintenant