15. Maison

Un peu remué, un peu perturbé, l’esprit sens dessus dessous, te voilà rentré chez toi. Comme un sage, comme un moine, comme un hibou, méditant… Les voyages, stop ! Exotiques ou artificiels, les pseudo paradis, c’est toujours l’évasion, la fuite… Fuir, tu voulais fuir ? Pourquoi ? Ton quartier, tes habitudes, ta famille, tes copains, ton conjoint peut-être, ton boulot évidemment, tu voulais les quitter ? Pour quel motif ? Pour échapper à toi-même ? Impossible, car en vérité, il doit d’abord entrer en lui-même, celui qui veut en sortir. Intérieure est ta richesse, tu dois la cultiver ! Y plonger pour te révéler… L’artistique, voilà ce que tu dois développer. Ta décision est prise : dorénavant, t’exprimer sera ton objectif unique.

Or, entre tous les arts, lequel vas-tu choisir ? L’écriture, évidemment, tu y penses en premier ! L’écriture, le plus difficile, dit-on, c’est de commencer… mais ensuite, une fois lancé, tu foncerais à corps perdu sans relever la tête ! Normal, il rêve toujours d’écrire, celui qui aime lire. Si tu as envie d’écrire, l’auteur a une proposition à te faire : tu pourrais rajouter un chapitre, ton chapitre à ce roman.

Mais comme tu poursuis ta rêverie, surgissent d’autres possibilités, chanter, peindre, danser, fascinantes potentialités, et plus encore celles de toi ignorées. Justement, dans ton courrier, une proposition pour un stage t’est parvenue.

Un stage pour t’initier à cet art tellement vivant, ce jouissif loisir, ce passionnant travail, combinant à la fois le corps et l’esprit, le texte et l’espace, la jubilation et le partage, en un mot, le théâtre. Désolante, en comparaison, est l’écriture à côté du théâtre. L’écriture, des jours, des mois, tu restes immergé avec toi-même et quand est apposé le point final, alors commence l’autre quête, l’éditoriale poursuite, l’infernale galère pour la voir imprimée, ton œuvre. Ecrire, cela n’est rien, mais publier… Un jour, longtemps plus tard, trop tard, un retour te parviendra peut-être, la réaction d’un lecteur, peut-être… tandis que le théâtre, dès que tu joues, les « lecteurs » tu les entends vibrer, rire parfois, même s’ils ne sont qu’une poignée, ils sont présents, obligatoirement, et réaction il y a, bonne ou mauvaise mais immédiate, au moment même où il est produit, cet art vivant !

Tentant, le théâtre, non ? L’objection, c’est peut-être ton ignorance en la matière ? Au contraire, toi qui jamais, au grand jamais, sur les planches ne mis le pied, le stage de théâtre, je te le conseille.

Pour l’écriture aussi, tu pourrais t’y mettre. Mais puisque tu n’as pas saisi ma proposition de tout à l’heure (à ce livre ajouter un chapitre) peut-être préférerais-tu commencer par écrire pour toi-même sans la préoccupation de la diffusion. C’est possible. Dans tous les cas, entre le masque et la plume, aujourd’hui, tu dois choisir.